L’être Humain s’est développé et
s’est organisé au fil du temps et a su s’adapter aux différentes
situations et circonstances. Malgré
que certaines choses
restaient ambiguës et abstraites,
les cerveaux des
savants, philosophes et
penseurs surent développer des
thèses et des théories et eurent une vision profonde sur tous ce qui concernait
les concepts qui nécessitaient une réflexion.
L’un de ces concepts phares qui a coulé de l’encre est le sujet du «
Signe » avec toute sa complexité doctrinale et sa diversité étymologique.
Nous allons essayer à travers
cette brève synthèse de résumer les différentes perceptions et avis qui se sont
penché sur le terme en essayant de le décortiquer. Pour se faire, nous comptons
diviser notre travail en quatre parties majeures.
Dans la première partie, nous
envisageons analyser la question de la multitude des définitions
données au signe
par les philosophes
et auteurs de
l’antiquité, en commençant par
Platon, Cratyle, Socrate et Hermogène, puis nous ferons le tour vers les
Stoïciens pour atterrir chez les sophistes. Pour ce qui est de la deuxième
partie, nous allons faire
l’investigation du point
de vue des
théologiens et des
savants religieux, tout en soulignant trois pensées convergentes qui
sont celles des penseurs du moyen âge, notamment Saint Augustin, Thomas d’Aquin
et Guillaume d’Ockham.
Nous enchaînerons après avec une
troisième partie réservée aux pensées élaborées au dix- septième
siècle à travers
les idées d’auteurs
comme Jean Jaques
Rousseau et Descartes, pour
finir en quatrième
partie avec la
vision adoptée au
dix- huitième siècle par Spinoza
et Condillac.
En parlant d’antiquité, il faut
signaler que Platon s’intéresse à la question de la justesse des noms. Ainsi,
il a donné lieu à deux thèses opposées ; la première est celle de Cratyle
qui est une
thèse naturaliste qui
affirme que la
nature existe par
elle même, sans cause ou principe extérieur à
elle. Elle défend l’idée
que les noms sont faits naturellement, et qu’il y a une dénomination
arbitraire pour chaque objet. La deuxième est celle de hormogène qui est une
doctrine selon laquelle le mot est en fait des
conventions : les hommes
qui appartiennent à
une même communauté
se mettent d’accord pour
une même appellation
d’un même objet.
C’est-à-dire que cesont les hommes qui donnent sens et valeurs
aux objets.
En ce
qui est de
la théorie stoïcienne
du signe, elle
porte sur l’étude
de la dialectique c'est-à-dire
une étude du signifiant et du signifié,
en comparaison avec la théorie de
Spinoza qui porte
principalement sur le
caractère conventionnelle du signe,
et finalement Descartes
qui s’intéresse à
la pensée comme
caractéristique distinctive de l’Homme.
Le signifiant
chez les stoïciens
prends trois formes,
vocal (ni articulé,
ni porteur de sens), prononcé (articulé et non
porteur de sens),
et énoncé (articulé
et porteur de sens).
L’énoncé peut être
défini comme l’expression
linguistique d’un contenu de
pensée, ce dernier peut avoir la signification d’un signifié s’il s’inscrit
dans le cadre d’un signifiant, tandis que son indépendance de ce signifiant lui
confère la définition d’un énonçable qui est considéré comme un contenu virtuel
d’un énoncé.
Le problème
majeur qui préoccupe
les stoïciens est
la validité d’un
énoncé scientifique. Question à
laquelle Platon répond par la non-conformité entre les mots et les choses et
puis la possibilité de dire le faux, alors qu’Aristote considère que cette validité est
vérifiable indépendamment de
toute forme d’énonciation
par ce qu’on appelle le syllogisme qui est un mode
d’organisation des signifiés.
Donc de
ce qui précède,
on peut dire
que les stoïciens
définissent l’énoncé comme un
signifiant porteur de
signifié, en considérant
ainsi qu’il n’y
a de pensée (signifié) sans
parole (forme linguistique). Hors,
il est possible
qu’une forme linguistique puisse
exister sans contenu de pensée.
Cela veut
dire que la
relation signifiant-signifié ne
constitue pas un mot
comme point de
jonction de ces
derniers, ce qui
implique qu’un mot
n’est porteur d’un signifié
que s’il est
constituant d’un énoncé
qui ne peut
être défini que
par rapport à cet énoncé dont le contenu virtuel nous permet de le
considérer comme une mise en relation des êtres ayant subi ce qu’on appelle des évènements, d’où l’idée
de contenu de pensée nécessitant une relation de contact c'est-à-dire la
caractérisation de l’être suite à un évènement qu’il lui arrive.
Pour les Sophistes, c’est l’Homme
qui donne sens aux mots et tout provient de lui. Cependant, il n’est pas
toujours fiable, même si il est toujours définit comme un bon orateur
qui sait parler,
et c’est d’ailleurs
le point sur
lequel les dits
Sophistes interviennent en majorité, puisqu’ils ont inventé eux même la
« Rhétorique » qui est l’art de bien
parler. Selon eux,
cette dernière comporte
cinq éléments essentiels ;
à commencer par l’invention,
la disposition, l’élocution
puis la mémoire
et enfin l’action.
Même si
les Sophistes ont
beaucoup parlé du
signe dans sa
relation avec la société, mais on ne citera que deux
principaux Sophistes qui ont marqué l’antiquité à travers leurs pensées et
leurs idéologies. Il s’agit de «
Protagoras » et de « Gorgias ».
Protagoras disait
que l’Homme créa
la culture pour
survivre, et qu’il
est la mesure de
toutes les choses
dans cet univers.
Il a ajouté
par la suite
que chaque groupe humain possède
sa propre vérité sur le monde et qu’il faut toujours obéir aux lois même
si la persuasion
pure et dure
est un excellent
modificateur de ces
lois.
Cependant, le point fort dans la
théorie de Protagoras est que deux thèses opposées sur un même thème peuvent
être argumentées.
Gorgias quant à lui soutient la
théorie de Protagoras en plaçant la langue dans une position élevée et la
proclamant comme une arme ou un outil avec lequel on peut manipuler l’âme des
faibles. Or, pour lui, la rhétorique est un type de persuasion et le mot peut
être interprété différemment
pour chaque personne.
La thèse la
plus imminente pour Gorgias
repose sur trois
suppositions. D’abord, rien
n’existe (Nihilisme), ensuite, même s’il existait quelque chose, on ne
pourra pas la connaitre (Scepticisme)
et enfin, pourvu
qu’on connaisse cette
chose, on ne
pourra pas l’expliquer
(Solipsisme).
Nous allons
essayer de mettre
le doigt sur
les théories des
principaux auteurs/écrivains/philosophes
qui ont parlé
et analyser le
concept du « signe »
au moyen âge.
En premier
lieu, Saint Augustin
traite la question
en essayant de
mettre l’accent sur la relation entre le signifiant et le référent, en
opposition à De Saussure qui parle du signifié et sa relation avec le
signifiant. Saint augustin différencie entre les signes naturels (Feu,
fumée…etc.) et les signes conventionnels qui sont divisés à leur tours en
signes visibles (Gestes) et signes audibles (Voix). La spécificité du travail de Saint
Augustin repose sur
trois textes essentiels :
La « De Dialectica »,
Le « De Magistro » et la « De
Doctrina ».
La « De
Dialectica » est définie
comme étant la
science de l’argumentation. Elle considère
le mot comme
un signe et
le langage comme
un système de
signes. Saint Augustin, distingue dans la « De Dialectica » entre cinq
éléments : Le Res (La chose),
l’Uerbum (Le mot
signe), l’Uox (Le
Son), le Dicibile
(La perception de l’oreille)
et le Dictio
(La signification). Pour
ce qui est
du « De Magistro »,
il fait référence aux
signes en tant
que signes de
choses (Ex : Arbre)
et signes de
signes (Verbe, nom…etc.). Quoi que Saint Augustin explique que le signe
d’une chose ne l’est que par l’intermédiaire du locuteur et que tout mot est un
nom. Et le dernier texte qui est la « De
Doctrina », il y
présente le signe
implicitement comme l’expression des perceptions et des
sentiments, ainsi que l’échange mutuel entre les gens.
En deuxième lieu, Thomas d’Aquin
repose sur l’idée de l’intellect et essaye de démontrer que
chaque être humain
possède une âme
et cette même
âme contient « l’intellect agent
» qui est à la fois actif, créatif, penseur, immortel et éternel, et un autre
intellect qui est dit « patient », mais qui est passif.
La définition
qui est donnée
à l’intellect le
lie toujours à
l’âme et le
décrit comme la partie
de l’âme qui
connait et qui
pense, ou bien
la faculté de
connaitre l’intelligible. Cette âme dont Thomas d’Aquin parle est
composée en plus de la faculté intellective, d’autres facultés comme la
nutritive, l’appétitive et la sensitive.
Ce qui
attire l’attention dans
le travail de
d’Aquin- du fait
que c’est un théologien- c’est qu’il lie la notion de
l’intellect à dieu et essaie de démontrer que dieu est connu à travers
l’intellect et au moyen de la raison naturelle. Il ajoute que dieu est invisible
avec des faits visibles et qu’il est la raison de l’existence des choses.
D’Aquin présente ainsi des moyens pour repérer l’existence de dieu à travers le
mouvement, la causalité, la contingence, le degré des êtres et l’ordre du
monde.
En troisième lieu, Guillaume
d’Ockham rejoint ses prédécesseurs et essaye à sa manière de
définir le signe
comme étant tout
ce qui fait
connaitre quelque chose d’autre. Or, le signe pour lui doit
engendrer une connaissance, les concepts sont des signes et c’est toujours la
chose qui est signifiée. D’Ockham est un grand adepte de la théorie nominaliste
et insiste d’ailleurs sur plusieurs choses.
Tout d’abord,
le signe mental
est un signe
naturel. Ainsi, la
pensée est considérée comme un
langage mental. Ensuite, il appuie ses propos en citant que rien n’est
universel à part les dénominations (Mots et signes), et que les noms sont des étiquettes
pour classer les objets alors que les idées sont des abstractions.
La clé de voute pour Ockham est
ce qu’il appelle « La querelle des universaux » qui différencie entre les idées
générales qui ont une existence séparée d’un coté, et les concepts qui
n’ont aucun contenu
extérieur et une
existence. De plus,
on parle notamment du « Rasoir
d’Ockham » qui stipule qu’il ne faut pas multiplier les êtres sans nécessité et
que dieu laisse agir les causes secondes sans agir lui -même.
En guise
de conclusion, nous
pouvons parler de
la relation étroite
qui lie le signe à plusieurs disciplines et notions
et qui le rend un concept universel. Mais la question reste toujours posée
quant à la définition et la signification exacte, et c’est ce qui va être
développé avec les auteurs du dix-septième et dix-huitième siècle.
En ce qui concerne le signe chez
Spinoza, il diffère d’un individu à un autre, donc ici on prend en
considération l’Homme comme porteur d’idées innées ayant une allure mobilisant
tout le mode de vie.
Malgré le rapport conventionnel
existant entre un mot et son désigné, puisque chaque mot renvoie à une chose,
il peut être absent entre ce dernier et son signifié du fait qu’un
mot peut avoir
plusieurs signifiés. Le
caractère conventionnel du signe
n’est pas, selon
Spinoza, la détermination
principale du signe,
mais plutôt une conséquence de trois choses :
La
variabilité du signe : chacun réclame un signe, ce qui est contraire à une loi
de nature qui ne varie pas pour chacun, une loi naturelle constante.
L’associativité du
signe : le signe
est pris dans
des chaines d’association d’où la
définition du langage
en tant que
chaine associative dans
laquelle le signe entre.
La
variabilité prophétique : le signe est divin «
si Dieu le veut ».
L’Homme de signe pour Spinoza est
le prophète puisque la relation qui réunit ce dernier à Dieu est une relation
de signe, et puisque chaque prophète réclame un signe particulier, il est
évitable de définir le signe par la nature conventionnelle.
Quant au signe chez
Descartes, il est considéré dans le
cadre d’un langage comme la caractéristique distinctive de l’Homme dont la
fonction est d’exprimer la pensée ce qui permet d’évoquer ce qu’on appelle le
véhicule de cette dernière. De cela Descartes définit le
langage comme la
manifestation d’une intention
de communiquer qui requiert en conséquence la pensée.
Caractéristique distinctive
par rapport à qui
? Par
rapport à l’animal
bien sûr, puisque ce
dernier utilise des
codes pour communiquer
l’information, ce sont
des codes instinctifs, donc on peut dire qu’un animal n’exprime pas sa
pensée mais il suit un certain mécanisme.
Finalement, le
signe est conçu
comme un moyen
d’exprimer sa pensée(Descartes), possédant un caractère
conventionnel(Spinoza), et n’ayant de sens qu’ au sein d’un énoncé (stoïciens).
Rousseau s’est
préoccupé des causes
naturelles qui ont
influencé la parole,
qui est considérée comme une institution sociale. Pour lui, ce sont les
sens qui agissent le plus sur l’homme,
ils sont des
moyens de communication
et d’influence par excellence et c’est ce qui explique le recours de l’être
humain à ces signes sensibles.
Ainsi, il y a deux moyens de
communication, le mouvement et la voix, et cette action du mouvement est divisée par Rousseau
en une action immédiate par le
toucher et une autre médiate par le
geste. Le toucher exige l’approchement
de la personne avec qui on communique et pas de distance de l’espace.
Rousseau distingue également
entre la langue du geste et la langue de la voix. ces deux langues
sont naturelles. Pourtant,
celle du geste
est plus facile
et moins conventionnelle : la
vision de l’homme fonctionne beaucoup plus que son ouïe et les informations qu’il
perçoit à travers
ses yeux sont
beaucoup plus importantes
que celles qu’il perçoit à travers ses oreilles. Les figures sont
beaucoup plus diversifiées et variées
que les sons,
et elles sont
les plus expressives.
En effet, les
anciens avaient l’habitude de
s’exprimer par des signes. Ils
ne parlaient pas,
mais ils essayaient
de montrer : un geste fait avant de parler engendre la curiosité et
capte l’attention des interlocuteurs, et
c’est ça ce
qu’on appelle le
langage énergique (celui
ou le signe a tout dit avant qu’on parle).
Toutefois, Rousseau insiste
sur l’importance du discours dans le fait d’influencer son
interlocuteur, de le toucher et de créer chez lui des émotions. Le coté
émotionnel est provoqué par
l’accent adopté par
celui qui parle.
C’est à travers
l’accent qu’on domine l’autre.
Pour ce philosophe,
ce sont les
passions qui nous
poussent à articuler, et
à émettre des
sons. Il pense
que le besoin
nous dicte les
gestes, les passions nous
arrachent les premières voix.
Sa théorie cherche à
répondre à une question très importante. Celle de
l’origine de la langue. Ce sont les premières passions qui
déterminent l’utilisation du langage (c’est un
homme passionné qui
devient un homme
parlant). En un
mot, la langue pour Rousseau est liée à l’art, à la
mélodie et surtout provoquée par les passions, par contre, le geste est
lié au besoin de l’homme.
IL définit la voix comme un signe
et il l’associe avec l’immatériel.
Enfin, Condillac
a pour doctrine
le sensualisme qui
est une doctrine fortement influencée par
l’empirisme de John
Lock qui affirme
que les sensations
sont àl’origine de
toutes nos connaissances. Elle
aborde des questions
qui concernent les relations entre sensations, idées,
jugements et langage. Pour ce philosophe, le langage d’action est la définition
du langage naturel qui se compose des signes naturels ou des cris de
la nature. Il
parle du langage
d’action et du
langage articule. Le
langage d’action est une suite de la conformation des organes, quoiqu’
il soit naturel, l’homme a besoin de l’apprendre (geste, cris). Le langage
articulé se développe au détriment du langage d’action ; il est pl us
économique et il précède le langage articulé.
En un
mot, chacun de
ces philosophes perçoit
le signe de sa manière :
Platon dans le Cratyle
défend l’idée que
les noms sont
faits naturellement. C’est
une dénomination arbitraire. Pour
Hermogène, le signe
est un fait
conventionnel.
Rousseau fait la distinction
entre la langue du geste et celle de la voix : la première est évoquée par le
besoin, par contre la deuxième est évoquée par les passions. Condillac a traité la question de l’évolution
et du développement de la langue, et son passage d’un langage d’action à
un langage articulé.
Le constat général et final que
nous avons essayé de développer à travers notre synthèse était soumis à deux
thèses majeures. La première supposait que le signe est un élément
conventionnel, qu’il soit exprimé par n’importe quel moyen et qu’il soit en relation ou
fait partie de diverses
constituantes linguistiques, philosophiques ou sociales.
Quant au deuxième,
il présupposait que
tout signe est
naturel et ni la convention ni
les éléments extérieurs
ne peuvent influencer
son existence ou perturber sa mise en application.
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